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LES PLEURS.

Il jeta des pleurs sur la flamme :
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

« Je n’ai fait qu’essayer de vivre, »
Criait l’ange aux légers sermens :
« J’apprends tout ! j’ai trouvé mon livre
» Imprimé dans tes yeux charmans.
» Entre mon cœur et ta présence
» Je ne peux plus porter un jour !… »
Entre nous il a mis l’absence :
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

Ivres d’un bonheur solitaire,
Nos ames ont touché les cieux ;
Mais il est enfant de la terre ;
Il s’y retarde, curieux !
Pour mon cœur plein de ses traits d’ange
Le monde est voilé sans retour ;
Et sans lui, comme le ciel change !
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

Je sais qu’une invisible chaîne
Jette son aimant entre nous :
Je sais où finira ma peine ;
Mais je vais seule au rendez-vous !