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LES PLEURS.

Comme une flamme qui me touche,
Ce nom brûle… Tais-toi, ma sœur.

Femme, tu vois un cœur de femme
Au fond de nos yeux consternés,
Lorsqu’à s’éteindre condamnés,
Trop de fièvre en usa la flamme.
Au mal qui fait long-temps souffrir,
Crois-moi, l’homme est plus inflexible ;
Il nous défend d’être sensible ;
Il ne défend pas d’en mourir !

Ce qu’il sait de science amère
Pour mentir à son propre amour ;
Ce qu’il peut inventer un jour
Contre son idole éphémère ;
Ce que j’ai ressenti tout bas
De sa haine… ou de son délire,
Tout haut je ne veux pas le dire,
Pour que Dieu ne me venge pas !

Car j’ai là comme une prière
Qui pleure pour lui nuit et jour ;
C’est la charité dans l’amour,
Ou c’est sa parole première.