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LES PLEURS.


» Et je les retiendrai : Je veux avec ma mère
Parler comme il parlait aux pèlerins troublés ;
Je sais comme il rendait leur route moins amère,
Quand ils s’éloignaient consolés !

» C’est lui qui me portait, pour enhardir mon âge,
Où germent les oiseaux dans leurs œufs renfermés,
Quand je plongeais mon cœur dans votre frais ménage,
Pour compter des petits comme moi tant aimés !

» Regarde ! disait-il : oh ! regarde, ma fille !
C’est ainsi que ta mère a couvé notre enfant ;
L’ame du rossignol s’use pour sa famille !…
Et puis il me berçait sur son cœur triomphant.

» Puis, un soir dans ses yeux tremblait une lumière,
Pareille à cette étoile. — Hélas ! je l’aime bien ! —
Et de sa bouche encor sortit une prière
Mélodieuse… et puis je n’entendis plus rien.

» Le lendemain ma mère était seule et couchée ;
Une parure affreuse enveloppait ses pleurs ;