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LES PLEURS.


— « Oui ! tantôt sur la roche nue,
En regardant l’errante nue,
Nous avons vu là bas, là bas,
Rouler une voile sans mâts. »

— « Enfans des pauvres matelots,
Dont les pères sont sur les flots,
Votre voix peut percer l’orage ;
Criez de tout votre courage !
Dans l’éclair aux sombres couleurs,
Voit-on flotter nos trois couleurs ? »

— « Non ! du haut de la roche nue,
Quand l’éclair déchire la nue,
Sur ce pont qui flotte vers nous,
On ne voit qu’un homme à genoux. »

— « C’est lui ! fidèle et courageux,
Au fond de mon rêve orageux,
Cette nuit je l’ai vu paraître :
Descendez pour le reconnaître !
Moi j’ai tant pleuré que mes yeux
Ne verront plus Jame qu’aux cieux ! »