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LES PLEURS.

Que l’attentive oreille
D’une amante qui veille,
Devine seule, en ce moment,
Que la barque porte un amant !

Vois ! si le ciel parlait aussi bien qu’il regarde,
Quand ses yeux étoilés brillent au sein des nuits,
Que raconterait-il de tout ce que hasarde
Une errante jeunesse en ses tendres ennuis ?

Sur l’eau qui nous balance
Glisse et vogue en silence ;
Poursuis, mon gondolier,
Ton chemin familier ;
Dans le flot qui sommeille
Frappe si doucement,
Que l’attentive oreille
D’une amante qui veille,
Devine seule, en ce moment,
Que la barque porte un amant !

Au pied de ce balcon, tourne et suspends la rame ;
J’y suis… je monte… Ô Dieu ! si nous prenions pour vous
Les soins que nous prenons pour l’amour d’une femme,
Quels anges nous serions ! Mais l’amour est si doux !