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LES PLEURS.


Ma voile, dit l’amour, a besoin de s’étendre
Sur les flots scintillans d’écume et de clarté !
Et son regard d’adieu se prolongea si tendre,
Qu’elle dit : au revoir ! avec sécurité.
Hélas ! la jeune espérance
Ne connaissait pas l’absence !

Son repos dura peu. Triste, errante, peureuse,
Jusqu’à l’heure où le soir descendant sur les eaux,
Elle chercha des yeux la barque aventureuse ;
Et sa main sur le sable envahi par les flots
Traça le nom qu’elle adore :
Et l’eau l’effaçait encore !

Une voile apparaît enfin ! le vent l’apporte ;
La crédule immortelle a cessé de gémir.
Mais quoi ! c’est l’opulence et sa froide cohorte.
Dans sa nacelle d’or elle semble dormir :
Oh ! celle où l’amour voyage,
Illumine davantage !

Une autre voile encor s’enfle plus gracieuse ;
C’est l’amitié paisible au milieu du torrent :
La lueur de sa lampe est calme et radieuse ;