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LES PLEURS.

Que ta langue épineuse à blesser destinée ;
Je l’embrasse de l’ame et je le vois charmant.
Viens, que je te corrige. Écoute-moi : tu m’aimes ?


— Oh oui !


— Oh oui ! — Souvent nos dards retombent sur nous-mêmes.
Regarde-moi long-temps : et que ton avenir
S’épure d’un amer et tendre souvenir ;
Comment me trouves-tu ?


Comment me trouves-tu ?— Belle comme une mère !
Ô ma mère ! vos traits ont la douceur du ciel.
La vierge des enfans, que l’on prie à Noël,
Est comme vous tendre et sévère :
Oui, vous lui ressemblez. J’y pense en vous voyant,
Et c’est vous que je vois, ma mère, en la priant !
À l’église une fois vous êtes apparue,
Et la foule indigente en joie est accourue ;
Vos habits étaient gais ; vous étiez blanche ; et moi
Je disais : C’est ma mère ! et l’on disait : « Hé ! quoi !
C’est sa mère ! » Ah ! maman ! quel bonheur !


C’est sa mère ! » Ah ! maman ! quel bonheur ! — Je t’écoute.
Et je plains ton doux rêve ; il me touche. Il m’en coûte
D’attrister le miroir attaché sur ton cœur,
Où tu me trouves belle, où je me vois aimée ;
Mais, regarde, et gémis d’être un enfant moqueur :
Je suis laide.