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MARIE.

pensive qu’Annette n’en avait déjà plus que pour le nouveau berger.

À peine avait-il eu le temps de regarder les autres, et de se reconnaître lui-même, qu’il fut entraîné dans la danse. On l’aurait admiré, si le plaisir de danser pour soi-même eût permis à quelqu’un de s’occuper d’autre chose. Sa grâce n’avait rien de rustique ; rien non plus de recherché : il était beau, il était simple, il était bien.

Annette, en dansant, perdit son bouquet : il fut foulé sous les pieds lourds des joyeux convives. La bergère plus pensive qu’Annette, s’en aperçut, leva en rougissant deux grands yeux noirs sur le bouquet du jeune étranger : il rencontra ces deux beaux yeux qui parlaient ; il en devint immobile, et le bouquet ne changea point de place. La bergère timide baissa ce regard qui avait dit : Ne le donnez pas.

Pour laisser aux joueurs de musettes le temps de reprendre haleine, on chanta ;