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MARIE.

rent sur les joues de cette tendre fille.

Olivier la regardait dans un muet ravissement. Rien n’altérait l’ivresse où son âme était plongée. Ses yeux étincelaient du feu de la vie et de l’amour. Il regardait Marie ; il ne voyait qu’elle. Nulle distance ne l’en séparait, l’espoir seul était entre eux deux, un rêve enchanteur endormait la fierté. Cette jeune bergère, simple comme un enfant, lui faisait oublier qu’il était sans héritage. Et comment songer alors qu’il était pauvre ? il avait son ruban.

— Voyez, dit-elle, voyez, Olivier, ces riantes plaines qui s’étendent au loin, ces arbres courbés de fruits, cette moisson protégée du ciel et de la bénédiction de mon père, les voyez-vous ?… Ces biens, si fort estimés des habitans du hameau, sont devenus le partage d’une orpheline : qu’en ferai-je ?… qu’en feriez-vous, Olivier, s’ils étaient le vôtre ?

— Belle Marie, pourquoi demander à qui ne possède rien ce qu’il ferait d’un