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MARIE.

— Ne souffrez pas, reprit doucement la bergère, il me semble que je souffre assez pour nous deux. Allez, ajouta-t-elle, allez chercher ailleurs tout ce qui manque ici pour vous rendre heureux. — Oh ! ne parlez pas ainsi, ma bien-aimée Marie ! Ne dites pas des choses qui déchirent le cœur. — Que faut-il dire, berger, pour vous rendre content ? — Content ! hélas ! je ne puis l’être, mais soyez-le du moins. Que je n’emporte pas votre image attristée. — Oh ! Marie ! faites qu’elle me console, puisqu’elle sera la compagne de ma vie ! oh ! que je voie encore une fois votre bouche sourire !

Marie le regarda en s’efforçant de sourire. Hélas ! il ne savait pas ce qu’un sourire coûte à la douleur ! Ce tendre effort le trompa, il lui donna le courage de s’éloigner enfin de cette belle Marie, qui resta immobile sur le seuil de sa porte. Sa bouche conserva long-temps la