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MARIE.

bord d’un ruisseau qui semblait causer avec lui, et le plaindre. Les brûlantes chaleurs de l’été avaient changé la couleur des campagnes ; la verdure était flétrie ; les fleurs n’avaient plus d’éclat, leurs feuilles détachées tombaient dans le ruisseau qui s’enfuyait avec elles ; les bois recevaient à chaque heure l’adieu de tout ce qui les avait embellis : le bruit du vent, des feuilles et de l’écho, leur disait lentement adieu ! Ce mot plaintif circulait partout, et venait mourir dans le cœur du jeune berger.

Une seule marguerite se balançait encore sur sa tige, au milieu de l’herbe desséchée ; cette reine modeste des prairies attacha les regards d’Olivier, elle lui retraçait Marie : tout ce qui était simple et gracieux lui ressemblait ; et il se plaignit à cette fleur comme à sa bien aimée.

Marguerite, fleur de tristesse,
Je t’aime mieux qu’une autre fleur :
De ma jeune et simple maîtresse
Ne m’offres-tu pas la candeur !