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MARIE.

seul, livrait un jour sa pensée à Marie, la regardait dans le passé, la voyait dans l’avenir ; mais quel avenir !… Un soupir s’échappa vers lui ; ses yeux, en se levant au ciel, rencontrèrent l’œil attentif du vieillard, qui depuis long-temps était attaché sur lui. Il quitta vivement le tertre où il était assis. Le bon vieillard y prit place : Olivier se tint à son tour immobile devant lui. Il craignait la raison d’un vieillard : Pouvait-elle être plus sévère que la sienne ? N’avait-elle pas résisté aux larmes de Marie ?

« Olivier, lui dit le pasteur, pourquoi t’isoler des bergers de ton âge ? Pourquoi cette humeur grave, ce front distrait, au milieu des tableaux rians qui entourent ta jeunesse ? Je fus l’ami de ton père. Parle-moi, car si tu l’avais encore, tu lui devrais le secret de ton ennui, comme lui s’efforcerait de l’adoucir. Olivier ! parle-moi, car je fus l’ami de ton père ; et tu me vois ici pour le remplacer. »