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SARAH.

un acte d’esclavage, mais celui d’une reconnaissance légitime ; car je savais, j’augurais au moins que Sarah ne pouvait être esclave. »

Alors, et devant elle, il raconta tout ce qu’elle avait fait la veille. Les yeux de M. Primrose se mouillaient de tendresse, en regardant sa jeune pupille, dont la modeste confusion n’était pas moins touchante que l’ivresse de son fils.

Dans ce premier moment de trouble, il avait oublié qu’il était ruiné ; Sarah l’occupait seule, et il se sentait heureux d’être, pour ainsi dire, forcé de ne la plus quitter. Sorti d’un combat qui avait coûté beaucoup à son cœur, il la remerciait intérieurement de la douce contrainte où il se trouvait d’oublier l’Angleterre et le brillant hymen projeté pour son fils, quand la vue de l’acte qu’il tenait encore fit évanouir cet éclair de joie, et lui rappela sa position