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ADRIENNE.

monde !… en Écosse ! » et ses regards attristés tombèrent, en s’y fixant, sur les mâts d’un vaisseau coulé bas et englouti dans le sable, d’où l’on n’avait pu le dégager encore depuis un an ; ces longs mâts sans voiles qui se montraient à fleur d’eau, qui survivaient en quelque sorte aux autres victimes du naufrage, en étaient une indication si mélancolique, un souvenir si lugubre, qu’Adrienne cacha son visage sous ses mains, en jetant loin d’elle les petites fleurs, qui tombèrent en partie dans la mer. Revenue enfin de l’espèce de suffocation qui l’avait saisie, elle disparut aux yeux d’Arthur, et remplit sa promesse en ne s’y montrant plus.

L’heure accoutumée se passa durant bien des jours à l’attendre. Le petit Andréa l’appelait tout haut, lorsqu’Arthur peut-être la redemandait tout bas, car il embrassait son frère sitôt qu’il nommoit Adrienne, quoi-