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SARAH.

dit la tremblante Sarah, j’ai voulu te parler sans que personne nous entendît : ne crains rien, je suis Sarah. »

Dès qu’Arsène entendit cette voix il n’eut plus de peur, et se leva. Il attendait qu’elle parlât ; mais Sarah ne faisait plus que le regarder avec tristesse, au lieu de l’interroger ; elle s’assit sur une natte de jonc qui servait de lit au nègre, et lui se remit à genoux devant elle.

« J’ai cru que vous dormiez à cette heure, lui dit-il.

— Non, répondit-elle, le sommeil ne veut pas de moi cette nuit ; mais, dis-moi, bon Arsène, songes-tu toujours à ta mère ?

— Toujours, car elle est peut-être encore malheureuse !

— Parle-moi donc de la mienne, je t’en prie !

— La vôtre, petite blanche, reprit-il d’un ton désolé, la vôtre est