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SARAH.

mais, de même qu’il augmentait par ses violences notre amour pour la liberté, il augmenta l’amour de son fils pour la belle Narcisse, qu’il ne pouvait plus aller voir : il en tomba dans une langueur mortelle. Essayant alors de le consoler comme il m’avait consolé moi-même, je lui répétai tout ce qu’il m’avait dit autrefois ; c’était ce que j’avais appris de plus doux et de plus tendre. Il était touché de mes efforts, et je vis bien qu’il m’en aimait davantage ; car il m’envoyait en secret vers Narcisse, qui prit à son tour de la confiance en moi. Je courais furtivement lui dire que mon maître pleurait loin d’elle, et je lui rapportais qu’elle pleurait loin de lui. Je revins un soir avec une nouvelle plus triste encore : le père de cette jeune fille était mort la veille ; et je l’avais trouvée dans une si profonde douleur, que je n’avais plus de jambes pour retourner en