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Une hirondelle passe : elle effleure la joue
Du petit nonchalant qui s’attriste et qui joue,
Et dans l’air suspendue, en redoublant sa voix,
Fait tressaillir l’écho qui dort au fond des bois.


« Oh bonjour ! dit l’enfant, qui se souvenait d’elle ;
« Je t’ai vue à l’automne ; oh ! bonjour, hirondelle.
« Viens ! tu portais bonheur à ma maison, et moi
« Je voudrais du bonheur. Veux-tu m’en donner, toi ?
« Jouons. — Je le voudrais, répond la voyageuse,
« Car je respire à peine, et je me sens joyeuse.
« Mais j’ai beaucoup d’amis qui doutent du printemps ;
« Ils rêveraient ma mort si je tardais long-temps.
« Non, je ne puis jouer. Pour finir leur souffrance,
« J’emporte un brin de mousse en signe d’espérance.
« Nous allons relever nos palais dégarnis :
« L’herbe croît, c’est l’instant des amours et des nids.
« J’ai tout vu. Maintenant, fidèle messagère,
« Je vais chercher mes sœurs, là-bas, sur le chemin.