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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/123

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l’enfant.

Oui, nous mourrons sans vous, et vous mourrez, ma mère.
Mais ce roi si méchant, qui l’a mis en courroux ?

la mère.

Le roi n’est ni méchant ni cruel plus que vous,
Mon fils. Las de ses jeux, il vient troubler les nôtres ;
Libre, il a des captifs : n’avez-vous pas les vôtres ?
Dans une chambre étroite il vous renfermera.
Mais vous serez content, car il vous nourrira,
Pourquoi de vos sanglots déchirez-vous mon ame ?
Est-ce à vous, cher coupable, à murmurer le blâme ?
Nous sommes des oiseaux dans ses cages plongés.
Pourquoi de son plaisir serions-nous affligés,
Si, dans ses jeux de roi qu’on a faits légitimes,
De lumière et d’air pur il prive ses victimes ?
Où courez-vous ?

l’enfant.

Où courez-vousDe l’air ! de l’air au prisonnier !
Qu’il respire, ma mère, et qu’il vole, et qu’il vive !