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« J’en suis très-mécontent. Je n’aime aucune affaire.
« Le sort des chiens me plaît, car ils n’ont rien à faire. »


« Écolier ! voyez-vous ce laboureur aux champs ?
« Eh bien ! ce laboureur, dit Stentor, c’est mon maître.
« Il est très-vigilant ; je le suis plus, peut-être.
« II dort la nuit, et moi j’écarte les méchants.
« J’éveille aussi ce bœuf qui, d’un pied lent, mais ferme,
« Va creuser les sillons quand je garde la ferme.
« Pour vous même on travaille ; et, grâce à vos brebis,
« Votre mère, en chantant, vous file des habits.
« Par le travail tout plaît, tout s’unit, tout s’arrange.
« Allez donc à l’école ; allez, mon petit ange !
« Les chiens ne lisent pas, mais la chaîne est pour eux ;
« L’ignorance toujours mène à la servitude.
« L’homme est fin, l’homme est sage, il nous défend l’étude,
« Enfant, vous serez homme, et vous serez heureux ;
« Les chiens vous serviront. » L’enfant l’écouta dire,
Et même il le baisa. Son livre était moins lourd.