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Si l’un d’eux, au retour, traînait un pied malade,
Il était dans ses bras tout doucement porté ;
Et, la nuit, sur son lit, dormait à son côté ;
Réveillés le matin par l’aurore vermeille,
Il leur jouait des airs à captiver l’oreille ;
Plus tard, quand ils broutaient leur souper sous ses yeux,
Aux sons de sa musette il les rendait joyeux,
Enfin il renfermait sa famille chérie
Dedans la bergerie.
Quand l’ombre sur les champs jetait son manteau noir,
Il leur disait : « Bonsoir,
« Chers agneaux ! sans danger reposez tous ensemble ;
« L’un par l’autre pressés, demeurez chaudement ;
« Jusqu’à ce qu’un beau jour se lève et nous rassemble,
« Sous la garde des chiens dormez tranquillement. »


Les chiens rôdaient alors, et le pasteur sensible
Les revoyait heureux dans un rêve paisible.
Eh ! ne l’étaient-ils pas ? Tous bénissaient leur sort,
Excepté le plus jeune ; hardi, malin, folâtre,