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Ce soleil mûrira les fruits que vous aimez ;
Il vous rendra vos jeux, vos bouquets parfumés.
Des qu’il s’éveillera, je vous dirai moi-même :
Allons voir le soleil. Jugez si je vous aime !
Les charmantes heures viendront
Danser autour de la journée,
Et riantes s’envoleront,
Formant avec des fleurs la trame de l’année.
Et vous appellerez le faible agneau qui dort ;
Pour le baigner ce soir il n’est pas assez fort ;
Huit jours font tout son âge ; il se soutient à peine,
Et vous le fatiguez à courir dans la plaine.


Venez, il en est temps, vous baigner au ruisseau ;
Tout semble se pencher vers son cristal humide :
Le moucheron brûlant y pose un pied timide ;
Et, fatigué du jour, le flexible arbrisseau
Y trace de son front la fugitive empreinte ;
À ses flots attiédis confiez-vous sans crainte ;
Je suis là. Voyez-vous ces poissons innocents ?