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Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.djvu/117

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CANTIQUE DES BANNIS.


Soutenez la femme blonde,
Suivant par la terre et l’onde,
Sur chaque bras un enfant,
Leur père à l’exil mouvant ;
Prêtez-lui l’humble auréole
Que perce, épure, console,
De tristes maisons du roi
Où les prisonniers ont froid !

Dans les yeux de cette femme,
Mettez une sainte flamme,
Pour éclairer les cachots
De rayons libres et chauds ;
Quand un captif la regarde,
Que cet ange qui le garde,
Dise à chacun de ses jours :
« Les rois un temps ; Dieu toujours ! »

Notre-Dame de la vie !
Tant priée et tant suivie,
Debout sur les flots errans
Des jours comme nos courans ;
Vous, la seule souveraine,
Abaissez vos mains de reine,
Sur votre peuple à genoux,
Puis après, pensez à nous !

Ce peuple est une grande âme,
Tout nue, ô Notre-Dame !
Dont la vie est un long deuil.
Et la chair un froid linceul.