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Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.djvu/181

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LA TOMBE LOINTAINE.

Ta pauvreté suivie
Versait du ciel sur moi,
Et mes parfums de vie,
Tu les portais en toi !

Par instant si je pleure,
À des sons de ma voix,
C’est qu’elle est à cette heure,
La tienne d’autrefois !
C’est qu’elle est de deux ames,
L’impalpable ciment :
Oh ! que ces pauvres flammes,
S’appellent tristement !

Vers ta moitié mortelle,
Qu’ont ramené les mers,
Ton ombre revient-elle
Par les chemins amers ?
Ce fruit que je respire,
L’as-tu vu dans sa fleur ?
Ce chant que je soupire,
En plains-tu la douleur ?

Oui ! ton rire sonore,
Tes maternels pouvoirs,
Dieu les redit encore
Dans tes premiers miroirs ;
Oui, mère ! par tes charmes,
Moins beaux, moins triomphans,
Mais surtout par les larmes,
Nous sommes tes enfans !