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PAUVRES FLEURS.

Enlevée au ruisseau qui délasse mes pas,
Dis à mon cher absent qu’on ne l’oubliera pas !

Dis qu’à son cœur fermé je vois ce qui se passe ;
Dis qu’entre nos douleurs je ne sens pour espace
Que ton voile charmant d’amitié ; que toujours,
Je puise dans ma foi les vœux que tu lui portes ;
Que je les lui dédie avec tes feuilles mortes,
Frêles et seuls parfums répandus sur mes jours :
Dis qu’à veiller pour lui mon âme se consume ;
Qu’elle a froid ! qu’elle attend qu’un regard la rallume !

Dis que je veux ainsi me pencher sous mes pleurs ;
Ne trouver nulle joie au monde, au jour, aux fleurs ;
Que la source d’amour est scellée en mon âme ;
Que je sais bien quelle âme y répondrait encor,
Dont je serais la vie, et qui serait ma flamme ;
Il le sait bien aussi : mais cette âme, elle dort ;
Elle dort dans l’absence où s’effeuille ma vie,
Où tu me dis pourtant que j’en serai suivie,
Et ranimée un jour. Mais qu’il nous faut encor,
Lui, brûler ; moi languir pour contenter le sort !