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POÉSIES

Pour bercer ma jeune enfance,
Vous saviez des airs touchans ;
Et j’ai reçu la défense
De me rappeler vos chants !
Mais que la flûte lointaine
M’apporte un réveil plus doux,
Je tressaille dans ma chaîne :
Ma mère ! je pense à vous.

Ce vieux gardien dont l’œil sombre
Un soir me remplit d’effroi,
Qui sur mes pas, comme une ombre,
Fit peur au pauvre enfant-roi,
J’ai vu son front, moins austère,
Vers ses enfans se baisser :
Hélas ! que n’est-il mon père !
Il daignerait m’embrasser.

Lorsque la fièvre brûlante
Sur lui fit planer la mort,
Sa bouche, pâle et tremblante,
Dit qu’il avait un remord.
De cette affreuse démence
Cherchant à le secourir,
J’ai chanté votre romance
Pour l’empêcher de souffrir.