Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1860.djvu/83

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Et, sous un froid cyprès, mon sang, qui brûle encore,
Sera calme demain.

Ô douce plante ensevelie !
Sur un sol immortel, tes rameaux gracieux
Couvriront ma mélancolie
D’un ombrage délicieux,
Ta tige, élevée et superbe,
Ne craindra plus le ver rongeur,
Qui veut la dévorer sous l’herbe,
Comme il a dévoré ta fleur :
Cette fleur, au temps échappée,
D’un rayon pur enveloppée,
Reprendra toute sa beauté ;
Son doux éclat fera ma gloire,
Et le tourment de ma mémoire
En sera la félicité !

Mais l’autre jeune voix trouble encor ma prière,
Et m’arrache au bonheur que je viens d’entrevoir :
Tout à coup ramenée aux songes de la terre,
J’ai tressailli, j’ai cru le voir !
Oui, j’ai cru te revoir, idole de mon âme,
Lorsqu’avec tant d’amour tu t’élançais vers moi :
D’un flambeau consumé rallume-t-on la flamme ?
Non, sa clarté trop vive est éteinte avec toi !

Et vous qui m’attristez, vous n’avez en partage
Sa beauté, ni la grâce où brillait sa candeur.
Enfant ; mais vous avez son âge :
C’en est assez pour déchirer mon cœur !