Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1860.djvu/85

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Se rassemblent dans les bruyères,
La saison des fleurs et des jeux
Rassemblait notre essaim joyeux.
Un jour, dans ces jeux pleins de charmes,
Je cessai tout à coup de trouver le bonheur ;
J’ignorais qu’il fût une erreur,
Et pourtant je versai des larmes !
En revenant je ralentis mes pas ;
Je remarquai du jour le feu près de s’éteindre,
Sa chute à l’horizon, qu’il regrettait d’atteindre ;
Mes compagnes dansaient… moi, je ne dansai pas.

Un mois après, j’errai dans ce lieu solitaire ;
Hélas ! ce n’était plus pour y chercher des fleurs :
La mort m’avait appris le secret de mes pleurs,
Et j’étais seule au tombeau de ma mère !





ÉLÉGIE


J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.