Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 93 —

Les mains sur votre cœur, et vos yeux sur mes yeux,
Parlez-moi, Vierge mère, oh ! parlez-moi des cieux !
Parlez ! vous qui voyez tout ce que j’ai dans l’âme :
Vous en avez pitié puisque vous êtes femme.
Cet amour des amours qui m’isole en ce lieu,
Ce fut le vôtre ; eh bien, parlez-en donc à Dieu !
Sans reproche, sans bruit, douce reine des mères,
Cachez dans vos pardons mes révoltes amères ;
Couvrez-moi de silence, et relevez mon front
Baissé sous le chagrin comme sous un affront.

Voilà ce qui s’est fait par un jour de Décembre,
Mois sans soleil. Voilà ce que dans cette chambre
Où je n’entends gronder et gémir que mon cœur,
Devant l’heure qui vient et passe avec lenteur,
Je retrace de lui pour m’aider à l’attendre,
Jusqu’au jour, jour de vie ! où je pourrai l’entendre.
Devant mon jeune maître alors je me tairai :
Il parlera… mais moi, je le regarderai !


Séparateur