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Se heurter dans la nuit des cages cellulaires
Que nulle aube ne teint de ses prunelles claires ;

Ne savoir où crier au sauveur méconnu :
« Hélas ! mon doux Sauveur, n’étiez-vous pas venu ? »

Ah ! j’ai peur d’avoir peur, d’avoir froid ; je me cache
Comme un oiseau tombé qui tremble qu’on l’attache.

Je rouvre tristement mes bras au souvenir…
Mais c’est le purgatoire et je le sens venir !

C’est là que je me rêve après la mort menée,
Comme une esclave en faute au bout de sa journée,

Cachant sous ses deux mains son front pâle et flétri,
Et marchant sur son cœur par la terre meurtri.

C’est là que je m’en vais au devant de moi-même,
N’osant y souhaiter rien de tout ce que j’aime.

Je n’aurai donc plus rien de charmant dans le cœur
Que le lointain écho de leur vivant bonheur.

Ciel ! où m’en irai-je
Sans pieds pour courir !