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LE PETIT MÉCONTENT.


Mère, je veux crier et faire un grand tapage.
Comment, je ne peux pas tous les jours être sage !
Non, mère, c’est trop long tous les jours, tous les jours !
Le monsieur l’a bien dit : « Rien ne dure toujours. »
Tant mieux ! je vais m’enfuir et crier comme George.
Qui m’en empêchera ?
Qui m’en empêchera ? — Personne. À pleine gorge,
Vous pouvez, cher ami, vous donner ce régal.
Mais vous serez malade…
Mais vous serez malade… — Oh ! cela m’est égal :
George ne meurt jamais.
George ne meurt jamais. — George afflige sa mère.
Un enfant mal appris est une joie amère.
— Je reviendrai t’aimer.
— Je reviendrai t’aimer. — M’aimer sans m’obéir ?
Déserter ton devoir, enfant, c’est me trahir.
Je crains, moi, qu’avant peu personne ne vous aime,
Et vous vous ferez peur tout seul avec vous-même.
— Non ! George n’a pas peur dans le cabinet noir.