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Elle avait fait son temps. Toi, tu pourras dormir.
Ou gambader par la prairie.
Va courir, va ! Sèche tes pleurs !

L’enfant.

Hier elle essayait de me tendre les ailes.

Le faneur.

Hier n’est plus. L’air bleu fourmille d’étincelles,
Et les buissons sentent les fleurs.

L’enfant.

Le monde est tout changé !

Le faneur.

Le monde est tout changé ! Le monde va de même ;
Pourquoi ne prends-tu pas ce qu’il met devant toi ?
Pourquoi lui demander ce qu’il n’a plus ? Pourquoi
Pleurer un vieil oiseau !

L’enfant.

Pleurer un vieil oiseau ! Je l’aime.

Le faneur.

Viens en chercher un autre ; il en pleut dans les blés.
On marche sur des nids, puis on en trouve encore.