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Rien sur son corps ne tient que par lambeaux ;
S’il va s’asseoir c’est auprès des tombeaux.
Qu’a-t-il donc fait ? Qu’en a-t-on su ?… Qu’importe !…
Son dur pays qui lui ferme la porte
Le sait-il mieux ? Le plus sûr aujourd’hui,
C’est de prier pour son juge et pour lui.
Dieu les attend et tous les deux sont frères,
Dieu tient la clé de terribles mystères.
Sa loi n’est pas l’éternelle rigueur :
Dieu fit l’amour, l’homme en a fait l’erreur.

Ayant franchi le carrefour qui crie,
Une humble voix a dit : « Je vous en prie !
« Faites l’aumône à mon destin voilé,
« Et dans vos maux vous serez consolé.
« Vous verrez l’heure à sa douce lumière :
« De toute joie, hélas ! c’est la première !
« Voyez ! voyez ! et que Dieu sur vos pas
« Sème les biens que nous ne voyons pas ! »

Et l’homme étrange a tressailli dans l’ombre ;
Et l’eau divine a mouillé son œil sombre,
Cette eau du cœur qui lave le remords
Comme une pluie a relevé son corps.