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SIMPLE HISTOIRE.


Tu m’as connue au temps des roses,
Quand les colombes sont écloses ;
Tes yeux alors pleins de soleil
Ont brillé sur mon teint vermeil.
Souriante à ma destinée,
Par ta douce force entraînée,
Je ne t’aimai pas à demi,
Mon jeune ami, mon seul ami !

À l’étonnement de nos âmes,
Tout jetait des fleurs et des flammes ;
Une feuille, un bruit de roseaux
Nous semblaient des hymnes d’oiseaux.
Quand ce beau temps sur notre tête
Sonnait à chaque heure une fête,
Nous n’étions mortels qu’à demi,
Mon jeune ami, mon seul ami !

Puis tu t’en allas vers ta mère.
Et la vie eut une ombre amère ;