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LA FILEUSE ET L’ENFANT.


J’appris à chanter en allant à l’école :
Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Ils vont les crier au passereau qui vole ;
Au nuage, au vent, ils portent la parole,
Tout légers, tout fiers de savoir des leçons.

La blanche fileuse à son rouet penchée
Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix
Lorsque j’écoutais, toute lasse et fâchée,
Toute buissonnière en un saule cachée,
Pour mon avenir ces thèmes d’autrefois.

Elle allait chantant d’une voix affaiblie,
Mêlant la pensée au lin qu’elle allongeait ;
Courbée au travail comme un pommier qui plie ;
Oubliant son corps d’où l’âme se délie ;
Moi, j’ai retenu tout ce qu’elle songeait :

— « Ne passez jamais devant l’humble chapelle
Sans y rafraîchir les rayons de vos yeux.