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FAMILLE

Quelque arbre, de l’enclos habitant curieux,
Ne franchit son rempart d’un front libre et joyeux.
On ne saura jamais les milliers d’hirondelles
Revenant sous nos toits chercher à tire d’ailes
Les coins, les nids, les fleurs et le feu de l’été,
Apportant en échange un goût de liberté.
Entendra qui pourra sans songer aux voyages
Ce qui faisait frémir nos ailes sans plumages,
Ces fanfares dans l’air, ces rendez-vous épars
Qui s’appelaient au loin : « Venez-vous ? Moi, je pars ! >
C’est là que votre vie ayant été semée,
Vous alliez apparaître et charmante et charmée ;
C’est là que, préparée à d’innocents liens,
J’accourais… Regardez comme je m’en souviens !
Et les petits voisins amoureux d’ombre fraîche
N’eurent pas sitôt vu, comme au fond d’une crêche,
Un enfant rose et nu, plus beau qu’un autre enfant,
Qu’ils se dirent entre eux : « Est-ce un Jésus vivant ? >
C’était vous ! D’aucuns nœuds vos mains n’étaient liécs :
Vos petits pieds dormaient sur les branches pliées ;
Toute libre dans l’air où coulait le soleil,