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LE DÉPART.

comme s’il ne devinait pas la jeune femme indignée.

— Je te dis de ne laisser ! poursuivit-elle en étendant vers lui ses mains suppliantes ; tu me feras mourir avec tous tes mariages. Je suis heureuse ainsi, dit-elle en suffoquant, et je veux rester libre. Mon Dieu ! n’est-on pas libre de rester heureuse quand on l’est autant que moi !

Ernest la laissa libre de pleurer sur son épaule.

— Eh bien ! eh bien ! reprit-il du ton dont on apaise un enfant, sois heureuse, ma sœur ! Tu es bien folle de t’affecter jusqu’aux larmes d’un incident si naturel. Juge donc ! si tu entres en désespoir à chaque amant qui t’enverra ses vœux, tu noieras tes yeux dans les larmes. Tu n’y pensais pas autrefois ; maintenant, oh !