Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’accent circonflexe n’est employé sur aucune des voyelles, a, e, i, o (Descartes écrit as, es, is, os), mais seulement sur la voyelle û, lorsque c’est une contraction de eu, comme dans vû, pû, connû.

L’accent grave n’est pas employé du tout, sinon à des très rares exceptions, dans à préposition et adverbe de lieu : encore trouve-t-on le plus souvent cet a et cet ou sans accent.

Mais Descartes met quelquefois un tréma (¨) sur l’e des mots rouë, lieuë, receuë. Encore trouve-t-on, dans la même lettre du 5 octobre 1637, aussi bien roue que rouë ; on y trouve aussi à deux reprises une escrouë. Dans les plus anciens autographes, ce tréma est placé sur la dernière lettre ou sur la pénultième indifféremment (rouë et roüe) ; ensuite on le trouve plutôt sur la dernière[1].

Quant à la cédille[2], Descartes la met très irrégulièrement : on trouve dans ses autographes façon et facon ; ie conçoy et ie concoy. Toujours il écrit receu, et toujours aussi scauoir, ie scauois, etc.

Lorsqu’il élide l’a ou l’e de l’article, d’un pronom ou d’une conjonction, tantôt il met l’apostrophe, tantôt il oublie de la mettre, mais ne sépare pas alors l’article ou l’adjectif du mot qui suit. En ce dernier cas, si le mot commence par un u, cet u n’étant plus lettre initiale, ne s’écrit pas v : exemple, l’vn et lun, quelqu’un et quelquun, etc.

La ponctuation laisse à désirer, beaucoup moins toutefois dans les manuscrits que dans les anciennes éditions, comme il est aisé de le voir pour les lettres, lorsqu’on peut comparer le texte imprimé avec un autographe ; et ceci nous autorise à prendre quelques libertés au moins avec les lettres publiées par Clerselier. Au reste, Descartes lui-même s’exprime nettement à ce sujet, dans une lettre du 23 juin 1641 : « le vous prie », écrit-il à Mersenne, « de suiure ma copie, excepté que ie puis auoir omis plusieurs points et virgules, que ie seray bien ayse qu’on y adiouste ; mais les imprimeurs ont des gens qui sont accoustumez a les metre, sans qu’il

  1. L’usage du tréma paraît avoir été originairement de distinguer l’u voyelle de l’u consonne. C’est donc sur l’u qu’il devait être placé régulièrement. (T).
  2. La cédille est un e écrit au-dessous du c, au lieu de l’être après. En raison des négligences de Descartes relatives à ce signe, nous l’avons dans cette édition, systématiquement placé devant les voyelles fortes. (T).