Les Œuvres de Descartes furent plusieurs fois éditées au xviie siècle, du vivant du philosophe et après sa mort, mais séparément les unes des autres, comme on le verra à propos de chacune d’elles en particulier ; même l’édition de Blaeu en Hollande, qui d’ailleurs est en latin (9 vol., in-4o, 1682-1701), n’offre pas une véritable unité, et ce n’est qu’après coup, en 1692, qu’on y trouve un catalogue des neuf volumes réunis, comme si leur publication avait été conçue sur un plan méthodique. La Compagnie des Libraires à Paris donna, de 1723 à 1729, une petite édition, qui, si l’on en excepte le texte latin de quelques lettres dont on n’avait que la traduction, et quelques versions françaises de lettres latines, n’est qu’une réimpression ; seuls les six volumes de Lettres (1724-1725) offrent une tomaison suivie ; sept autres volumes, pour le reste des Œuvres, n’ont qu’une tomaison factice. C’est donc bien à Victor Cousin (comme il s’en glorifiait à juste titre) que la France doit une édition des Œuvres complètes de Descartes (11 vol. in-8, Paris, Levrault, 1824-1826). Mais d’abord elle est tout entière en français ; puis les exigences de la critique, ainsi que les progrès de l’érudition, firent bientôt reconnaître à l’éditeur lui-même (il en convenait de bonne grâce à la fin de sa vie), que son œuvre avait besoin d’être reprise à nouveau. Joseph Millet, auteur d’une Histoire de Descartes avant 1637 (Paris, Didier, 1867), et depuis 1637 (Paris, Dumoulin, 1870),