Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/135

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gnez faire quelque choſe en ma conſideration ; ce qui me fait auoir meilleure opinion de moy, & me donne tant de vanité, que i’oſe entreprendre de vous recommander plus particulierement le meſme ſieur Ferrier, 5 en vous aſſurant qu’outre qu’il eſt très honneſte homme, & extremement reconnoiſſant, ie ne ſçache perſonne au monde, qui ſoit ſi capable, que luy de ce à quoy il s’employe. Il y a vne partie dans les Mathematiques, que ie nomme la ſcience des miracles, pour 10 ce qu’elle enſeigne à ſe ſeruir ſi à propos de l’air et de la lumiere, qu’on peut faire voir par ſon moyen toutes les meſmes illuſions, qu’on dit que les Magiciens font paroiſtre par l’aide des Demons. Cette ſcience n’a iamais encore eſté pratiquée, que ie ſçache, 15 & ie ne connois perſonne que luy qui en ſoit capable ; mais ie tiens qu’il y pourroit faire de telles choſes, qu’encore que ie mépriſe fort de ſemblables niaiſeries, ie ne vous cèleray pas toutesfois, que ſi ie l’auois pu tirer de Paris, ie l’aurois tenu icy exprés pour l’y 20 faire trauailler, & employer auec luy les heures que ie perdrois dans le jeu, ou dans les conuerſations inutiles.