Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les nuits, & ſans que iamais aucun ſoin me réueille, après que le ſommeil a longtemps promené mon eſprit dans des buys, des iardins, et des palais enchantez, où i’éprouue tous les plaiſirs qui font imaginez dans 5 les Fables, ie meſle inſenſiblement mes rêveries du iour auec celles de la nuit ; & quand ie m’aperçoy d’eſtre éueillé, c’eſt ſeulement afin que mon contentement ſoit plus parfait, & que mes ſens y participent ; car ie ne ſuis pas ſi ſeuere, que de leur refuſer aucune 10 choſe qu’vn philoſophe leur puiſſe permettre, ſans offenſer ſa conſcience. Enfin il ne manque rien icy que la douceur de voſtre conuerſation, mais elle m’eſt ſi neceſſaire pour eſtre heureux, que peu s’en faut que ie ne rompe tous mes deſſeins, afin de vous aller 15 dire de bouche que ie ſuis de tout mon cœur,

Monſieur,
Voſtre tres-humble & tres-obeïſſant ſeruiteur, descartes.
XXXII.
Balzac a Descartes.
Paris, 25 avril 1631.
Œuures de Monſieur de Balzac, 1665, I, 235.

Publiée pour la première fois p. 471 des Lettres de Monsieur de Balzac, Seconde partie (Paris, Pierre Rocolet, 1636, privilège du 30 janv. 1635, achevé d’imprimer le 26 fév. 1636).

Monſieur,

Voſtre lettre m’a trouué dans la plus noire humeur