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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/379

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loue extremement du bon traitement qu’il reçoit de vous, & teſmoigne s’eſtimer hureus d’eſtre a voſtre ſeruice ; mais il adiouſte qu’il a fort peu de tems a eſtudier en Mathematiques & que ſes parens luy 5 offrent de l’entretenir a leurs dépens ou il voudra, lorſque le tems de ſon ſeruice ſera expiré, ſi ſes amis luy conſeillent de vous demander ſon congé. A cela ie luy ay par deus fois reſpondu qu’il apprenoit beaucoup de choſes en vous ſeruant qui luy eſtoient 10 plus neceſſaires que l’Algebre, quand ce ne ſeroit que la ciuilité, la netteté, la patience & autres telles qualités qui luy manquent, & qu’il deuoit craindre la liberté comme vne ſorciere qui le pourroit perdre. Mais pour ce qu’il me demande encore vne fois mon 15 conſeil par ſa derniere et qu’il promet de le ſuiure exactement, i’ay penſé ne pouuoir mieus faire que de vous enuoyer ſa lettre & vous ſupplier de prendre vous meſme la peine de le reſoudre touchant ce que vous aurés agreable qu’il face. Car encore que 20 vous ayés ſuget de blaſmer ſa legereté, ie m’aſſure que vous ne luy en voudrés pas de mal pour cela & que vous iugerés qu’il n’a pas eu enuie de faillir ni de vous déplaire, vû qu’il n’a rien voulu entreprendre ſans le conſeil d’vn homme qui eſt,

25 Monſieur,

Voſtre tres humble &
tres obeiſſant ſeruiteur
DESCARTES.

A Deuenter, du 7 Feu. 1633.