Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/464

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nature n’eſt que de penſer, qui eſt la ſeule choſe qui rend obſcure la demonſtration touchant l’exiſtence de Dieu, i’auoüe que ce que vous en écriuez eſt tres-vray, & auſſi que cela rend ma demonſtration touchant l’exiſtence de Dieu mal-aiſée à entendre. Mais ie ne 5 pouuois mieux traiter cette matiere, qu’en expliquant amplement la fauſſeté ou l’incertitude qui ſe trouue en tous les iugemens qui dépendent du ſens ou de l’imagination, afin de monſtrer en ſuite quels ſont ceux qui ne dépendent que de l’entendement pur, & 10 combien ils ſont éuidens & certains. Ce que i’ay obmis tout à deſſein, & par conſideration, & principalement à cauſe que i’ay écrit en langue vulgaire, de peur que les eſprits foibles venant à embraſſer d’abord auidement les doutes & ſcrupules qu’il m’euſt fallu 15 propoſer, ne puſſent apres comprendre en meſme façon les raiſons par leſquelles i’euſſe taſché de les oſter, & ainſi que ie les euſſe engagez dans vn mauuais pas, ſans peut-eſtre les en tirer. Mais il y a enuiron huit ans que i’ay écrit en latin vn commencement de Meta— 20 phyfique a, où cela efl déduit affez au long, & û l’on faitvne verfion latine de ce liure, comme on s’y prépare, ie l’y pourray faire mettre. Cependant ie me perfuade que ceux qui prendront bien garde à mes raifons touchant l’exiftence de Dieu, les trouueront 25 d’autant plus demonftratiues, qu’ils mettront plus de peine à en chercher les défauts, & ie les prétens plus claires en elles-mefmes qu’aucune des demonftrations des Geomettres ; en forte qu’elles ne me femblent obfcures qu’au regard de ceux qui ne fçauent 3o

a. Voir plus haut p. 144, 1. 19 ; p. 23, 1, 6, et p. 17, 1. 7.

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