Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/593

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mis ; mais aucun de ceux-là n’a rien ſceu faire que les anciens ayent ignoré. Apres cela, ce que ie donne au ſecond liure, touchant la nature & les proprietez des lignes courbes & la façon de les examiner, eſt, ce 5 me ſemble, autant au delà de la geometrie ordinaire, que la rhetorique de Ciceron eſt au delà de l’a, b, c des enfans. Et ie croy ſi peu ce que promet voſtre geoſtaticien, qu’il ne me ſemble pas moins ridicule de dire qu’il donnera dans vne Preface des moyens 10 pour trouuer les tangentes de toutes les lig(nes) courbes qui ſeront meilleurs que le mien, que le ſont les Capitans des Comedies Italiennes. Et tant s’en faut que les choſes que i’ay écrites puiſſent eſtre aiſément tirées de Viete, qu’au contraire, ce qui eſt cauſe que 15 mon traitté eſt difficile à entendre, c’eſt que i’ay taſché à n’y rien mettre que ce que i’ay crû n’auoir point eſté ſceu ny par luy, ny par aucun autre. Comme on peut voir, ſi on confère ce que i’ay écrit du nombre des racines qui ſont en chaque équation dans la page 372, 20 qui eſt l’endroit où ie commence à donner les regles de mon Algebre, auec ce que Viete en a écrit tout à la fin de ſon liure De emendatione æquationum[1] ; car on verra que ie le determine generalement en toutes équations, au lieu que luy n’en ayant donné que 25 quelques exemples particuliers, dont il fait toutesfois ſi grand eſtat qu’il a voulu conclure ſon liure par là, il a monſtré qu’il ne le pouuoit determiner en general. Et ainſi i’ay commencé où il auoit acheué ; ce que i’ay fait toutesfois ſans y penſer, car i’ay plus feüilleté 30 Viete depuis que i’ay receu voſtre dernière, que ie

  1. Chap. XVI, page 158 de l’édition des Elzeviers, Leyde, 1646.