Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/617

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Ie ne vous renuoye point encore les écrits de Monſieur Fer(mat) de Locis planis & ſolidis[1], car ie ne les ay point encore lûs ; & pour vous en parler franchement, ie ne ſuis pas reſolu de les regarder, que ie 5 n’aye veu premierement ce qu’il aura répondu aux deux lettres que ie vous ay enuoyées pour luy faire voir[2]. Vous ne deuez pas craindre que les aduis que vous m’obligerez de me donner, touchant ce qui ſe dira contre moy, tournent iamais à voſtre préjudice ; 10 car il n’y a rien que ie ne ſouffriſſe plutoſt que de vous | intereſſer en mes querelles. Mais ie m’aſſure auſſi que vous ne voudriez pas me tenir les mains, pendant qu’on me bat, pour m’empeſcher de me deffendre ; & ceux qui vous donnent des objections 15 contre moy, ne peuuent aucunement s’en prendre à vous des réponſes que i’y feray, ny ſe fâcher que vous me les enuoyez : car ſçachant l’affection que vous me portez, ils ne vous les peuuent donner à autre fin, que pour me les faire voir ; & toute la ciuilité dont i’ay 20 crû pouuoir vſer enuers Monſieur (Fermat) a eſté que i’ay feint d’ignorer ſon nom, afin qu’il ſçache que ie ne répons qu’à ſon Ecrit, & que vous ne m’auez enuoyé que ſes objections, ſans y engager ſa reputation.

L’objection que l’on vous a faite contre vos 25 experiences de l’Echo, ne me ſemble d’aucune importance : car bien qu’il foit vray que le ſon s’étend en cercles de tous coſtez, ainſi que le mouuement qui ſe fait dans l’eau quand on y iette vne pierre, il faut toutes--

  1. L’Isagoge et son Appendix (Œuvres de Fermat, t. I, 1891, p. 91-110). Voir plus haut l’argument de la lettre XCVIII.
  2. Lettres XCI et XCIX ci-avant, p. 450 et 486.