Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/619

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Monſieur,

I’ay eſté bien aiſe de voir le Tourneur, car i’ay iugé à ſes diſcours qu’il ſera tres-capable de faire que les Lunettes reüſſiſſent ; & ie ſuis encore plus aiſe 5 d’apprendre, par voſtre derniere, qu’il y trauaille auec affection[1]. Il me dit qu’il feroit | premierement vn modelle de bois de toute la machine ; ie croy que c’eſt par là qu’il doit commencer, & ſi-toſt qu’il l’aura fait, i’iray tres-volontiers à Amſterdam exprés pour la 10 voir, & lors il luy ſera aiſé de comprendre, tant les choſes qui doiuent y eſtre obſeruées, que celles auſquelles il n’eſt pas beſoin de s’aſtraindre. Comme, pour la diſtance qu’il mettra entre les piliers A & B, elle eſt entierement indifferente, & l’eſpace qui doit 15 eſtre entre les deux planches auſſi. Meſme il n’eſt pas neceſſaire que le rouleau touche ces planches, comme i’ay décrit[2] ; car eſtant bien joint aux deux pieces cubiques Y & Z, qui doiuent eſtre à ſes deux bouts, il ſuffit que ces deux pieces les touchent exactement de 20 part & d’autre ; & à cét effet les planches n’ont pas beſoin d’eſtre toutes polies, ny toutes de cuiure ; mais ſeulement ie voudrois que leurs bouts fuſſent garnis de cuiure par dedans, afin que ces deux pieces Y & Z coulaſſent deſſus. Et ie croy que ces pieces deuroient pour 25 cét effet eſtre de fer, ou garnies de plaques de fer, au deſſus & au deſſous ; car l’experience enſeigne que le cuiure & le fer ſe ioignent beaucoup mieux enſemble, que le fer auec le fer, ou le cuiure auec le cuiure. Ie

  1. Lettre perdue. Voir p. 396, l. 4 et p. 433, l. 3.
  2. Dioptrique, Disc. X, p. 145.