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CIII.
Huygens a Descartes.
La Haye, 2 février 1638.
Copie MS., Amsterdam, Académie des Sciences.
Lettres françoises de Constantin Huygens, tome I, page 817.
Monſieur,

Il m’eſt arriué par la ſaueur de M. Alphonſe Polotti de veoir vne copie vicieuſe de ce qui s’eſt paſſé entre vous & le philoſophe de Louuain[1], maladuiſé lecteur de voſtre liure. Ie ne ſçay ſi ie vous pardonneray qu’il 5 m’ayt fallu mendier ce pain d’autre main que de la voſtre : mais pour a preſent ie ne ſuis pas reſolu d’en interrompre mon diſcours, qui tend a vous ſignifier que, ne trouuant pas la courtoiſie gratuite partout, force m’a eſté de vous acheter pour voftre argent & 10 de promettre en recompenſe vos Mechaniques audit ſieur Pollotti, qui me les demande, aueq reproche de perfidie, ſi i’y manque. La choſe donq, comme vous voyez, eſt en ſon entier ; & m’eſt loiſible encore de vous obeir, a la charge de paſſer pour fourbe. A cela 15 ne tienne. Mais en me teſmoignant, s’il vous plaiſt, ce qui eſt de voſtre inclination abſolue & ſans reſerue, ie vous ſupplie d’y adiouſter ſi vous trouuez hors de propos l’ouuerture que ie ſay, de voir ces Mechaniques acheuées de tout point, auant que leur ouurir 20

  1. Libert Froidmont ou Fromondus. Voir Lettres LXXXVI et LXXXVIII, p. 402 et 412.