Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/669

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meſme ſera emportée par le pouſſement du vent. Donc i’eſtime que ce ſoit erreur de penſer que les corps lumineux pouſſent contre nos yeux vne matiere ſubtile contenue dans les pores de | l’air, par laquelle leur 5 lumiere nous eſt tranſmiſe.

8. Finalement ſi, ſelon la page 122 de la Dioptrique, les pores de chacun des corps tranſparens ſont ſi vnis & ſi droits, que la matiere ſubtile qui peut y entrer, coule facilement tout du long, ſans rien trouuer qui l’arreſte, il 10 eſt certain que cela ſeroit principalement vray du verre & du criſtal, qui font des cors durs & ſolides. Or cela eſtant ſupoſé, il s’enſuiuroit que le Soleil éclaireroit autant à trauers vn verre de dix piez d’épaiſſeur, qu’à trauers le meſme verre réduit à vne ſeule 15 ligne d’épaiſſeur. Car la matiere ſubtile venant de l’air, & eſtant pouffée en ligne droite par le Soleil, rencontreroit les meſmes pores en l’vne & en l’autre épaiſſeur, qui eſtant droits & vnis, cette matière y entreroit & couleroit ſans obſtacle auec meſme 20 facilité. Or, qu’vne differente épaiſſeur de meſme verre cauſe meſme lumière, c’eſt contre l’experience, Ioint qu’en vn meſme verre ſe pouuant prendre deux ſuperficies opoſées & paralleles en cent mille differentes manieres, il s’enſuiuroit que ſi ſelon vne maniere la 25 Lumiere paſſoit par les pores de la ſuperficie qui luy eſt oppoſée ſans rencontrer aucun obſtacle ſolide, elle ne le pourroit ſelon toutes les autres manieres ; & par conſequent la Lumiere ne pourroit penetrer le verre par quelques deux ſuperficies paralleles que ce fuſt ; 30 ce qui repugne à l’experience. Et cela vous eſt bien--

2 ce ſoit] c’eſt.