Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/684

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parce qu’il m’eſt trop auantageux, & que peut-eſtre voſtre affection a corrompu voſtre integrité. Quoy qu’il en ſoit, vous auez droit de iuger, & vous ſçauez que quand le Preteur fait vne iniuſtice, il ne laiſſe pas de faire ſa charge. 5

Puiſque vous me i’ordonnez, ie vous enuoye les trois Diſcours, ſur le dernier deſquels vous me laiſſaſtes en partant d’icy*. En quelques endroits i’y traite vn peu mal les Philoſophes Stoïques, c’eſt à dire les Cyniques mitigez. Car comme vous dites, ils parlent 10 bien auſſi haut, mais ils parlent à leur aiſe, & ne ſont pas dans l’auſterité de la Regle, quoy qu’ils tiennent les meſmes Maximes. I’ay crû en cela vous plaire, & chatouiller voſtre belle humeur[1]. Au premier iour vous aurez les autres Diſcours, après leſquels mon 15 copiſte ſe va mettre dés demain. Si on les ſepare dans l’impreſſion, il y en aura quinze ou ſeize ; ſi on les aſſemble, ils ſeront deux iuſtes Apologies. I’ay rendu moy-meſme le paquet à Mademoiſelle de Neufuic. Elle vous doit reſpondre par vne Dame de ſes amies qui 20 eſt ſur le point de faire vn voyage en Bretagne*.

Au reſte, Monſieur, ſouuenez-vous, s’il vous plaiſt, De l’Histoire de vostre esprit. Elle eſt attenduë de tous nos amis, & vous me l’auez promiſe[2] en preſence du Pere Clitophon, qu’on appelle en langue vulgaire 25 Monſieur de Gerſan*. Il y aura plaiſir à lire vos diuerſes auantures dans la moyenne & dans la plus haute region de l’air ; à conſiderer vos proüeſſes contre

  1. Voir p. 200 de ce volume, l. 18 et suiv.
  2. Descartes s’est souvenu de sa promesse. Voir Lettre LXXVIII, p. 380. Cf. aussi p. 198, l. 25.