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1. 327-3a8. CXXIX. — 13 Juillet 1638. 223

tiue ; car c'eft a dire qu'elle nous femble plus pefante en cete façon, ou bien qu'elle eft plus pefante a noftre regard, mais non pas qu'elle l'efl en foy dauantage. Or auant que de parler de cete pefanteur relatiue, il

5 faut déterminer ce qu'on entend par la pefanteur abfoluë. La plus part la prenent pour vne vertu ou qualité interne en chafcun des cors qu'on nomme pefans, qui le fait tendre vers le centre de la terre ; & les vns penfent que cete qualité dépend de la forme

10 de chafque cors, en forte que la mefme matière qui eft pefante, ayant la forme de l'eau, perd cete qualité de pefante & deuient légère, lors qu'il arriue qu'elle prend la forme de l'air; au lieu que les autres fe per- fuadent qu'elle ne dépend que de la matière, en forte

i5 qu'il n'y a aucun cors qui ne foit pefant, a caufe qu'il n'y en a aucun qui ne foit compofé de matière, & qu'ab- foluement par |lant chafcun l'eftplus ou moins, araifon feulement de ce qu'il entre plus ou moins de matière en fa compofition ; bien que, félon que cete matière eft

20 plus ou moins preiTée, & s'eftend en vn moindre ou plus grand efpace, les cors qui en font compofez pa- roiffent plus ou moins pefans a comparaifon des autres, ce qu'ils attribuent a la pefanteur relatiue ; & ils imaginent que, fi on pouuoit pefer dans le vuide,

25 par exemple, vne maffe d'air contre vne de plomb, & qu'il y euft iuftement autant de matière en l'vne qu'en l'autre, elles demeureroient en leur équilibre.

Or fuiuant ces deux opinions, dont la première eft la plus commune de toutes dans les efcholes, & la

3o féconde eft la plus receue entre ceux qui penfent fça- 3 regard] égard. — 27 leur ont.

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