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202 Correspondance. i, 231-232.

tisfafïe, pour deux raifons. La première, parce que, tenant des baies ou des pommes enclofes dans vn rets (qui eft votre comparaifon), les efpaces vuides qui fe trouuent entre les pommes ou les baies font fort grans; & de plus, le fable que vous fupofez eftre 5 jette fur ces pommes eftant tres-delié & pefanl, il paffe librement à trauers, coulant en bas, par fa fubti- lité & pefanteur, dVn efpace en l'autre fans eftre ar- refté. Mais fi ce fable eftoit jette fur vn boiffeau de millet, il n'entreroit pas vn demy doigt d'épais dans 10 ce millet; bien qu'vn grain de ce fable ne foit pas la centiefme partie d'vn grain de millet. La féconde, parce qu'encore qu'on ne prenne point le mot de droit plus à la rigueur que vous le prenez en la page 8, lig. 2, toufiours n'y trouuerez-vous pas voftre i5 comte : car voicy ce que vous [ dites vn peu plus bas en cette page, ligne ij : Au rvjle^ ces rayons doiuent ejlre ainji toufiours imagine:^ exaclement droits, lors qu'ils ne pajjent que par vn feul corps tranfparent, qui eji par tout égal à foy-mefme ; mais lors qu'ils 20 rencontrent quelques autres corps, ils font fujets d'cfre détourne'^ par eux. Sur quoy ie dis que nous pou- uons fupofer vn verre ou cryftal fi pur qu'il foit par tout égal à luy-mefme, ou bien quelque partie de l'ether ou de l'air tres-pur. Et fur cette hypo- 25 thefe, laquelle ne fe peut refufer, les pores, félon vous, feront exaclement droits, & par confequent ma conclufion tiendra, à fçauoir, qu'ils ne pouront eftre droits en tous fens, ou qu'il n'y aura rien de folide dans le verre, dans l'air ou dans l'ether. C'eft pour- 3o quoy il me femble que cette feule objedion détruit

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